Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LE BLANC ET LE NOIR

LE BLANC ET LE NOIR

Dans la vie rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Ni droite / Ni gauche / Ni extrémismes mais résolument Contre le Système totalitaire marchand


Prisons, EHPAD: un gouvernement socialement beaucoup moins responsable que les entreprises

Publié par Leblancetlenoir sur 30 Janvier 2018, 15:42pm

Catégories : #POLITIQUE FRANCE, #Société, #VIEILLESSE, #MACRON, #BUZYN, #MEDIAS

La grogne monte de partout. Les gouvernants, sourds et aveugles, prompts à donner des leçons tous azimuts y compris en matière de management, se retrouvent confrontés à des mouvements sociaux qu'ils traitent par le mépris tant ils sont incapables de résoudre les problèmes et d'abord de les comprendre. Tant dans les prisons que dans les EHPAD (il s'agit des établissements pour personnes âgées dépendantes en langage technocratique, en clair les maisons de retraite) pour prendre ces deux secteurs emblématiques, les personnels (les "sans dents" !) sont un à niveau d'exaspération tel qu'ils n'ont plus que la seule arme que les gouvernants sont capables de comprendre : la grève, la manifestation, le rapport de forces et tout d'abord sortir de l'invisibilité dans laquelle ils sont confinés. 

Au delà de l'aspect purement revendicatif desdits mouvements sociaux, il faut examiner le sens profond, le peu de considération de la société envers La France périphérique, celle qu'on n'entend pas, qu'on ne voit pas. Et voilà qu'apparaît au grand jour un pan entier de la population : les vieux et tous ceux qui gravitent autour, familles, bénévoles, soignants, médecins, directeurs. Et parallèlement, cela nous revoie au regard de la société envers la vieillesse, envers ces vieux en Ehpad ou pire encore ces vieux à domicile ... pire parce que là on ne les voit pas, on ne les entend pas. 

Cette journée d'action, de mobilisation est salutaire puisque pour la première fois elle réunit dans un même mouvement l'ensemble des syndicats (qui ont dû comprendre qu'ils n'avaient pas intérêt à agir en ordre dispersé ainsi qu'ils en ont l'habitude !), l'association des directeurs de maisons de retraite mais aussi l'ensemble des associations de retraités. Les vieux dans ce pays représentent potentiellement le premier lobby de France. Beaucoup ont voté Macron, plus que la moyenne nationale. Macron qui parle en anglais à Davos des bienfaits de la mondialisation n'en a rien à faire des vieux. Il n'est pas trop tard pour ouvrir les yeux et montrer qu'il existe une autre France que celle des bobos friqués !

Leblancetlenoir

Les ministres experts du gouvernement sont en train de démontrer qu’ils sont des employeurs socialement beaucoup moins responsables que les entreprises qu’il prétendent réglementer. La crise dans les prisons et aujourd’hui dans les EHPAD le montre une nouvelle fois: le « management » des services de l’État par ces ministres issus de la société civile laisse fortement à désirer.  

On le sait: les capacités managériales de Nicole Belloubet, ministre de la Justice, ont fait suer de grosses gouttes à Emmanuel Macron. Le conflit social dans les prisons a soudain révélé une faille dans la carapace gouvernementale.

La pratique de l’accord minoritaire au ministère de la justice

Il aura fallu 13 jours pour que la sortie de crise s’amorce dans les prisons. Pour ce faire, la ministre a signé un accord minoritaire au moment même où les ordonnances Macron font l’éloge de l’accord majoritaire. Seule l’UNSA (40% des voix) a signé un relevé de conclusions conspué par FO et la CGT. 

On lira utilement les conclusions des non-signataires pour comprendre la méthode utilisée par la ministre pour « casser la grève ». Dans la pratique, le gouvernement a réduit la gestion du conflit à une relation bilatérale avec un seul syndicat bienveillant, reçu en priorité et avec qui l’essentiel de la négociation s’est déroulé dans la dernière journée. 

Combien d’entreprises d’une taille analogue à l’administration pénitentiaire s’offrent encore le luxe de centrer leurs discussions sur un seul syndicat pour résoudre les questions vitales? L’exemple des (non-)accords de compétitivité de Pimkie ou de PSA montre que cette technique éculée n’a plus sa place dans le secteur privé. Une fois de plus, l’État donneur de leçons aux entreprises a dévoilé le visage d’un État employeur dépassé par l’ampleur de sa tâche.

Un accord obsolète

Au passage, la lecture des mesures prises par la Chancellerie pour résoudre la crise laisse un peu rêveur. Une grande partie de la solution est liée à l’augmentation des moyens en personnels et des primes. On peut comprendre l’utilité de ces mesures. On reste néanmoins un peu sur sa faim. 

Combien d’entreprises apportent-elles encore aujourd’hui une solution financière au mal-être des salariés ou aux difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs missions? Il suffit de comparer le complexe dispositif dans le domaine de la pénibilité avec l’accord finalement retenu par la Chancellerie pour mesurer la faible attention apportée par le service public au confort de ses salariés. 

Là encore, il n’est pas sûr qu’une entreprise privée de taille analogue pourrait s’offrir le luxe de régler les problèmes avec aussi peu d’imagination.

Les « capacités managériales » d’Agnès Buzyn

On se souvient qu’à la mi-décembre, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a sorti une phrase bien sentie sur le manque de « capacités managériales » dans un certain nombre de maisons de retraite désormais appelées pudiquement EHPAD. Elle se ramasse aujourd’hui une grève en bonne et due forme sur l’ensemble du territoire. 

Combien de patrons auraient survécu à une bourde de ce genre? Il faut une étrange conception du management pour expliquer publiquement que la grogne des personnels provient d’une faiblesse du commandement intermédiaire. Car, même si c’est vrai, un dirigeant d’entreprise sait que l’aveu public qu’il peut en faire ne fera qu’aggraver le mal. 

Ce faisant, on s’interrogera sur le savoir-faire de la ministre en situation de commandement. Personne n’a de doute sur ses capacités techniques dans le domaine médical. En revanche, ses performances tant sur le plan de l’économie de la santé que sur son approche de la diversité d’opinion laissent un peu perplexe. 

Une absence de réponse qu’aucune entreprise ne pourrait se permettre

S’agissant des EHPAD, l’absence de réponse ministérielle sur le fond souligne une fois de plus l’incapacité de l’État employeur à se mettre au niveau des entreprises privées. On lira d’ailleurs la tribune des organisations syndicales concernées (truffée de fautes d’orthographe) pour mesurer le naufrage managérial que représente la gestion buzynienne des dossiers. 

On y apprend que la ministre refuse de recevoir les représentants syndicaux en grève. Mais on a vu dans quelle entreprise? que le patron refuse de rencontrer les salariés qui en font la demande collective… Ce genre de petit geste de mépris serait durement payé dans la presse.

Une crise très prévisible

La tension dans les EHPAD et les hôpitaux n’est pas nouvelle. Ces organisations sont soumises à d’intenses pressions financières et à des contraintes délirantes. La logique de concentration constante des établissements, au nom du dogme technocratique du « big is beautiful » déshumanise progressivement les structures. La gestion mal ficelée des 35 heures dans la foulée de la suicidaire Martine Aubry oblige les personnels à travailler à flux tendu… les jours où ils sont là, pendant qu’ils empilent des congés délirants qu’ils peuvent difficilement prendre. 

Que ces personnels se heurtent désormais à un mur de la part de la ministre illustre là encore la pauvreté managériale des services de l’État, pourtant toujours prompts à donner des leçons aux entreprises. Le malaise global de ces structures, le fort taux de conflictualité qui y sévit, la souffrance au travail qui y règne, exigent de l’employeur final, ou du donneur d’ordre qu’est l’État, une prise en compte en bon père de famille. 

Là encore, l’opinion publique ne tolérerait un pareil mépris pour le « petit personnel » d’aucune entreprise privée. Seule la technostructure drapée dans la dignité de « l’intérêt général » peut se permettre de fouler au pied avec autant de morgue les principes élémentaires d’un management socialement responsable. 

Le gouvernement des experts est-il adapté aux temps de crise?

Les prisons comme les EHPAD montrent les limites d’un recours au gouvernement des experts. Par temps de paix, si l’on ose dire, ces experts sont parfaits. Ils peuvent déployer toute l’étendue de leur savoir. 

Mais que le vent se lève et que la colère gronde, alors… ces capitaines de pédalos se révèlent autant de handicaps pour franchir les obstacles. Leur raideur et leur incapacité à réagir de façon agile aux difficultés peut transformer un coup de vent en tempête. 

C’est que l’art de gouverner dans les salons parisiens, bien connu d’Emmanuel Macron, n’a rien à voir avec l’art de naviguer sur un océan battu par les vents. Les petites manies qui font la fortune des courtisans dans les dîners en ville sont autant de défauts qui agacent des Français peu habitués à l’esprit de coterie. 

Pour le savoir, il faut avoir été élu local ou avoir blanchi sous le harnais de la vie publique. Et cette maturité-là ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. 

http://www.entreprise.news/prisons-ehpad-un-gouvernement-socialement-beaucoup-moins-responsable-que-les-entreprises/

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents